Me sens-tu bien?

Comme Nitram me trouve profondément ennuyante avec mes histoires de chat et que je n’ai rien d’autre à exprimer sur ma nouvelle conquête qu’un énorme sourire niais et satisfait, je tente le coup pour une histoire de garâge. Ce matin, je devais aller faire le plein d’essence. Je le fais une fois aux trois semaines et il faut inévitablement que ce soit quand le prix de l’essence a fait un bond fulgurant la veille, mais bon, j’accepte mon triste sort et le fais normalement sans rechigner, notamment afin de me punir d’être trop poule de luxe pour prendre le métro. Les pompes libre-service demeurent un grand mystère pour moi d’autant plus qu’elles sont toutes différentes les unes des autres. Peut-être devrais-je en choisir une et lui être fidèle, mais comme je me résous à aller me faire chier à mettre du gaz uniquement quand ma voiture commence à roter, je n’ai, plus souvent qu’autrement, pas le choix de la pétrolière.

Ce matin, je vais chez Shell. Heureuse d’y être et d’accumuler des points air miles. C’est tellement plus agréable de dépenser des air miles en cosmétiques chez Jean Coutu que d’avoir du lave-glace gratuit avec des ostis de Pétro-points. Bref, je gare ma voiture devant la pompe. J’ouvre le bouchon et analyse la tite fente où je dois insérer ma carte de crédit. Insère la carte. Retire la carte. Un quêteux en vélo m’approche et me demande du change. Trop de secondes se sont écoulées entre l’insertion de ma carte de crédit et la prochaine intervention, ce qui fait en sorte que je n’ai plus l’opportunité d’insérer ma carte air miles. J’appuie sur annuler. Impossible d’annuler l’opération. Pardon? Je veux mes points air miles-euh!

Je finis par abdiquer, après tout, c’est définitivement plus payant d’aller travailler que de prendre 15 minutes pour récolter un air mile et demi. Je prend le pistolet et tente de choisir l’essence à 87 octanes parce que de toute façon, je ne sais même pas ce que c’est un octane et à bien y penser, je n’ai pas tant que ça envie de l’apprendre. Ça ne fonctionne pas. J’ai le choix entre l’essence à 91 octanes et l’essence à 91 octanes, qui par définition, coûte plus cher. Je réalise que j’ai pris le pistolet de riche, ce que je ne suis pas. Honte à moi et à ma Hyundai accent d’avoir tenté de faire partie de l’élite. Je redépose le pistolet, prend celui de l’autre côté, géré par la même tite fente de carte de crédit, donc pas moyen d’enfin amasser mes points air miles. Je réussis enfin à mettre du gaz de pauvre, remet le bouchon, entre dans ma voiture, démarre et avance.

Dans mon rétroviseur, j’aperçois une énorme paire de seins ballotter de haut en bas, accompagnée de deux bras qui se font aller de tout côtés. La madame de la station d’essence me pourchassait pour vol de gaz. Paraîtrait que la tite fente n’ait pas bien senti ma carte de crédit. Ce sont des choses qui arrivent les fentes qui ne sentent pas bien…