Cardiaque

Vous vous souviendrez de la plante verte devant laquelle Mumu prenait la pose. Il s’agit évidemment d’une espèce de gazon que j’achète à l’animalerie et que je fais pousser pour régulariser la digestion de Mumu. Évidemment, il en raffole. Avant, c’était un buffet à volonté et mon chat n’étant pas muni du dispositif servant à avertir que c’en est assez, il en engouffrait jusqu’à ce que la diarrhée s’en suive. J’ai donc pris le contrôle du gazon et lui en donne qu’à l’occasion. Le pot étant désormais sur le balcon et Mumu étant un chat fort rusé, aussitôt que j’ouvre la porte, il s’empresse de se faufiler afin de dévorer le buffet tel un mendiant devant un plat de spaghettis. Hier soir, suite à une ingestion digne du goinfre, celui-ci a procédé au vomissement soudain des herbes intactes qu’il n’avait même pas pris la peine de mâcher. Comme vomir est une activité fort courante chez le félin, qu’il soit chat ou lionne, je n’en ai pas fait de cas, lui ai donné un peu d’eau et suis passée à d’autres activités.

Ce matin, Mumu est venu roucouler dans mon lit suite au premier snooze. J’ai joué avec lui quelques minutes jusqu’à ce j’observe chez lui un comportement suspicieux. Celui-ci se roulait sur lui-même sans arrêt avec des yeux paniqués. Je connais ce chat comme si j’en avais accouché et savait pertinemment que Mumu n’allait pas bien du tout. J’ai eu le souvenir d’un chien d’une cousine qui était mort d’une crise cardiaque et son comportement juste avant de s’éteindre était en tout point conforme à ce que j’observais chez mon bien-aimé félin. J’ai écouté son cœur et celui-ci me semblait battre plutôt rapidement, quoique à une vitesse constante et de toute façon, qu’est-ce que je connais moi en cœur de chat? Je n’étais donc pas du tout rassurée.

Je devais quitter et ma mère, qui crèche chez moi quelques jours en raison d’une réunion dans la métropole demain, passait la journée à mon appartement à faire plein de choses que je n’ai pas le temps de faire et qui sont, de toute façon, toujours mieux faites par elle que par moi. J’étais, en quelque sorte, rassurée qu’elle soit là pour veiller sur mon protégé. Je lui ai donc dit : « Si Mumu meurt aujourd’hui, ça serait bien que tu t’en débarrasses avant mon retour », ce à quoi elle a acquiescé, étant aussi peu convaincue que moi que j’aurais une réaction rationnelle et adulte devant le cadavre de Mumu gisant sur mon lit.

Faisant passer un dernier test au mourrant avant de quitter, je me lève du lit et siffle pour qu’il me suive, ce qu’il fait systématiquement à chaque fois. Je siffle. Il me regarde avec ses yeux paniqués. Je le regarde avec mes yeux paniqués. Il se lève d'un geste imprécis et me suit avec un démarche peu assurée, la tête croche regardant vers le sol. Il s’effondre sur le côté, à mes pieds. Je le prend dans mes bras et m’aperçois qu’il a la patte avant prise dans son foulard, causant évidemment cette série de comportements douteux. Mumu est sauvé.